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La tête dans les nuages et les pieds dans la merde - L'attestation d'existence.

  • Vermot
  • 28 nov. 2017
  • 2 min de lecture

La soirée biture avait tenue toutes ses promesses.

Le grand trou noir douloureux posé sur le sommet de mon crâne me racontait que la nuit n'avait rien eu d'un dîner mondain. Et ce n'est pas les éclaboussures de vomi parsemant mes grolles qui disaient le contraire.

J'avais passé la nuit chez une meuf inconnue au bataillon et les adieux glaciaux du réveil n'étaient sans doute que le reflet de mes exploits de la nuit: glaciaux. Rien à foutre, elle était moche.


Je profitais maintenant des rayons du soleil de l’hiver qui réchauffaient agréablement ma nuque endolorie par le froid.

Le tramway était presque vide et je n'avais eu aucun mal à trouver une place assise. De toute façon il ne fallait pas compter sur moi pour céder mon siège à un vioque ou à une gadji engrossée. Les vieux étaient tous des vieux cons, les futures mères de sales putes qui avaient bien tiré leur coup et qui allaient bientôt nous faire chier avec leurs poussettes de merde et les cris de leurs mioches plein de morve.

Un mec, la soixantaine, assis près de moi a décroché son téléphone. Il était Juif. Ça se voyait à son nez, à sa face. Qu'on ne vienne pas me dire que je suis antisémite parce que j'ai dit qu'un gonze avait une tête de Juif ! Les Noirs ont bien des têtes de Renois, les Rebeus des têtes d'Arabes et les Noichs des têtes d'Asiats. Le mec s'est mis à parler hyper fort avec un gars de sa famille, Israël qui s'appelait (j'invente rien vous voyez, il était bien Juif. Me cassez pas les couilles !). Et là, ni une ni deux, je suis passé du mode loque et gueule de bois au mode Socrate, philosophe.

Le mec et son nez se sont mis à causer paperasse et retraite. Ils racontaient que Machin, un autre membre de la famille (qui devait certainement s'appeler Élie ou Jacob (me cassez pas les burnes j'vous dis!) devait absolument remplir son attestation d'existence pour pouvoir prétendre à une retraite bien méritée.

« Une attestation d'existence », ces mots ont résonné en moi comme un gong géant frappé par un gros sumo. « Attestation d'existence », de quoi pondre un beau sujet du bac philo.

Qu'est ce que l'administration avait bien pu inventer encore pour nous pourrir la vie. Il ne suffisait donc pas d'être vivant, d'être fait de chair, d'os, de foutre et de merde, il fallait prouver grâce à un papelard à la con qu'on était bien en vie. Sans ce papier tu n'existes pas, et si tu n'existes pas, pas de retraite. Pas de bras pas de chocolat !

Une attestation d'existence putain ! Ça me met les neurones à l'envers, j'arrive pas à y croire !

En y réfléchissant deux minutes pourtant, je me rends compte que c'est pareil pour tout : il y a un foutu formulaire pour chaque étape de la vie. De la naissance à la mort un scribouillard écrit tristement le roman de notre existence sur du papier à entête.

« Je pense donc je suis » que nenni !

« J'ai mon attestation d'existence donc je suis » voilà le monde dans lequel on vit.


Vermot


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