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Une pluie de deuil terrible et désolée


Cher lecteur (je dis cher au singulier sans chercher à créer une connivence artificielle mais bien parce que tu es le seul, toi qui me lis à l'instant, à consulter ponctuellement ce blog),


Suite à la confiscation de mon matériel informatique par les autorités (je serais, selon mon avocat, fiché S et en attente de comparution devant les juridictions compétentes pour une extradition dans un pays où même les non hipsters portent la barbe), je me suis retrouvé dans l’incapacité matérielle de vous fournir le photomontage hebdomadaire qui brille par sa maîtrise et dont la finesse le dispute à une forme rare d'expression que d'aucuns nomment "art".


Ainsi, confronté à mon indigence, j'ai décidé de vous proposer un photomontage d'un genre nouveau, un photomontage affranchi des besoins triviaux de la machine. Avec les moyens de l'imaginaire, les seuls dont je dispose, j'ai décidé de faire de toi, cher lecteur, le complice privilégié de mon expression artistique. Regarde attentivement l'image blanche et vois ce que j'ai créé pour toi:


Un parterre rouge de chaire et de sang. Des ruines apportent des nuances grises et brunes à ce funeste carnage. On voit, à l'arrière plan, le décor figé d'une ville qui pourrait être New-York, Alep, Porto ou Aubergenville. Peu importe : c'est un cadre citadin passif, sourd à la fatalité de nos destinées. Sur la droite de l'image, on le devine lancé à toute berzingue, un appareil d'une aviation quelconque est sur le point de lâcher ses bombes sur ce tas d'agonies et de misères. Un simple phylactère relié au bombardier traduit la froide indifférence du monde à la scène. On devine la voix mécanique et féminine d'un GPS qui annonce : "à 500m, tournez à gauche".


Ce que l'auteur a voulu montrer, c'est la stupide vanité de nos existences confrontée au monde qui s'en fout et que l'on peut, même quand on n'a rien foutu, produire un truc qui fasse suffisamment intello pour plaire aux snobs et aux pessimistes.




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