What Happn ?
- Hank
- 23 mai 2016
- 5 min de lecture

Les sites de rencontre, c’est toujours la même chose. T’es obligé d’écrire à une meuf, pendant des plombes, des conneries avant qu’il soit socialement acceptable de lui proposer de prendre un verre. Si tu respectes pas le timing, que tu dévoiles tes intentions trop tôt, elle pense que t’es pas un mec sérieux, que tu veux juste la tringler. Alors que, bêtement, t’es juste curieux de voir à quoi elle ressemble, de tester le feeling. Mais non, elle préfère que tu écrives des pavés à n’en plus finir, qui raconte rien et, si tu as de la chance, que tes mots ont fait suffisamment vibrer son égo, tu obtiens ton rendez-vous. Là, surprise, tu découvres qu’elle est moche. Les gros plans sur le visage un peu flou de son profil auraient dû te mettre la puce à l’oreille. Tu vas quand même la baiser parce que t’as pas passé tes soirées à vomir des inepties sur ton écran pour des cacahuètes. Quand t’es affamé, t’pas regardant sur ce que tu manges.
Alors oui, malgré tout, j’ai testé Happn.
Si tu prenais pas le métro parisien à l’époque où leur pub était placardée dans tous les wagons, je te dois une petite explication. C’est une appli ou t’as le profil des gonzesses que tu croises, dans un rayon de 500m, qui s’affiche sur ton phone. Si t’appuies sur le cœur en bas de sa photo et que de son coté elle aussi, tu obtiens un crush, c’est-à-dire le droit de lui écrire. Si t’es blindé, tu peux acheter des « charmes » et quand tu lui en envoies un, une notification s’affiche sur son tel et elle peut décider de te laisser une chance si elle te trouve pas trop dégueulasse.
La première semaine que j’ai utilisé Happn, je guettais les meufs que je croisais dans le tromé mais j’ai vite découvert que le « retrouvez qui vous croisez », c’était de l’esbrouf. Je voulais charmer une meuf en direct, genre lui dire « hey toi, j’ai ta tof qui vient de s’afficher sur mon phone, viens, on va se prendre un verre. » Je voulais la notifier moi-même, normal. Mais c’est pas possible, le profil s’affiche pas tout de suite. C’est pour éviter le harcèlement sexuel dans la rue, qu’ils disent. C’est surtout pour te faire raquer, bande de crevards. J’ai donc adopté une technique simple mais efficace. Dès que je rentrais chez moi, j’allumais l’appli et j’appuyais sur tous les cœurs des meufs qui s’affichaient sur mon mur. Je brassais large. Je te conseille de faire la même, si tu « likes » que les bonnasses, t’as pas fini de te branler dans un sopalin.
Au bout de trois jours, j’ai eu mon premier crush.
Je mate les photos. Elle a l’air potable, elle est grande, mince et elle a 30 ans. Pourquoi pas. Le corps a l’air carrément bien. Au pire, je la prends en Doggy style au cas où sa gueule me revient pas. Je lui balance un « Salut, ça va ? » classique. Elle me répond immédiatement : « Oui, tu es dispo pour prendre un verre ? ». Putain, la meuf, elle crève la dalle. J’accepte direct. On se donne rendez-vous aux abords du bois de Vincennes. J’arrive un peu en avance, je jette un dernier coup d’œil sur ses photos pour être sûr de la reconnaître. Quand elle se pointe devant moi, j’ai un choc. Son visage, s’il était figé, il pourrait presque être potable, mais quand ça bouge, c’est juste dégueulasse. En plus, elle doit souffrir de Parkinson pour se badigeonner comme ça de rouge à lèvre. Ca déborde de partout, même sur les dents. C’est immonde. Je me motive. Je peux la baiser une fois quand même. On s’assoit face au lac et elle commence à me parler. Au début, je reste fixé sur le rouge à lèvre qui recouvre une bonne partie de sa dentition. A chaque fois qu’elle ouvre sa bouche, j’ai envie de bégère. J’essaie de l’écouter pour penser à autre chose… mais, lecteur… elle est barge ! Elle me raconte sa vie de merde sans que je lui demande. Elle est bénévole dans une église paroissiale et elle est accusée de pédophilie sur des petits enfants de chœur. Elle s’en défend devant moi. Me raconte qu’en plus elle est fauchée (elle a été viré de son taff suite aux accusations et donne masse thunes à son avocat), qu’elle a volée du fric à ses amis lors d’une soirée… Je l’arrête plus. Putain, elle croit que sa détresse va me séduire ? Au bout d’une heure, elle me remercie de l’avoir écouté et elle se barre. Je lui ai servi de sac à vomi et je pense, qu’une fois tout expulsé de son estomac, elle avait pas envie d’autre chose.
Je rentre vénère chez moi et je me branle dans mon sopalin triple épaisseur.
Faut attendre le 10e crush pour qu’un autre rendez-vous ait lieu. Les autres connasses, elles te likent, tu lâches ton « Salut, ça va ? », parfois t’essaies autre chose « t’habites dans le quartier ? », « t’es belle sur les photos » et elles te répondent pas, ces putains de princesses.
Je te cache pas que j’étais grave en chien. J’avais pas vu une meuf à poil depuis plusieurs mois et je trouvais plus un pote pour sortir avec moi. Ces fils de pute avaient tous une zouze. Happn était pour moi une promesse de baise facile… et pourquoi pas trouver une copine ?
Au 10e crush, c’est elle qui me lance un « salut » direct. Je liste les photos. Putain, forcément, elle est pas terrible. Un visage qui passe mais elle est énorme. D’un autre coté lecteur, j’étais comme un éthiopien en période de sécheresse : un vrai morfal.
Je tente ma chance avec mon « salut, ça va » du mec qui a la flemme de faire mieux. On tchat un peu. J’apprends qu’elle habite dans mon quartier. Je lui propose courageusement si elle veut prendre un verre. Elle est partante. Une heure après je l’attends dans la rue, en espérant que cette fois, je me vide les couilles. Elle s’approche de moi, hésitante, on se claque la bise. Son visage, ça passe, mais putain, elle est large. J’ai pas l’habitude de faire dans le XXL. Même pas sur d’avoir le matos pour l’honorer. On prend un pichet de vin à deux et on discute de tout et de rien. Une fois le pichet vide, je lui propose de venir chez moi. A ma grande surprise, elle accepte. J’ai craché deux fois dans une capote cette nuit là. J’suis plutôt satisfait, les rondeurs c’est marrant tout compte fait. Elle se barre le lendemain et ni elle ni moi ne reprenons contact. A croire qu’elle aussi, elle voulait juste tirer son coup.
J’ai retenté Happn après. Au bout de 26 crush, j’ai désinstallé l’appli. Baiser des moches, ça va une fois, mais j’ai pas envie que ça devienne une habitude. Et c’est tout ce que m’offrait Happn. C’est con lecteur, mais quand tu passes la trentaine, une vraie histoire, ça te fait grave envie.
Tu dois te dire que, finalement, les meufs, elles ont raison d’être suspicieuses sur les sites de rencontre. Que les mecs, ils veulent juste tringler de la dinde. Le truc vicieux avec ces nouvelles façons de faire des rencontres, c’est que tu t’investis virtuellement avec la gonz et que quand tu la rencontres, même si elle est dégueulasse, tu te sens obligé de la baiser au moins une fois. Ca t’arrive pas en soirée car tu vas jamais vers ce type de pouffiasse. Tu vises plus haut, sauf si t’es trop bourré. Faut avoir de la chance pour dégoter une histoire sérieuse par l’intermédiaire de ces app’s, ou alors faut être grave photogénique. J’en sais rien. C’est peut être plus adapté aux mecs trop timides pour pécho en soirée. En tout cas, ça n’a pas fonctionné dans mon cas. J’ai désinstallé l’appli et je suis direct parti seul dans un rade, picoler et draguer la gueuse.
Quoi ?! T’sais pas draguer en soirée ? Je t’en touche trois mots la prochaine fois.
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