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"La femme est l'avenir de l'homme"

  • Hank
  • 8 mars 2016
  • 7 min de lecture

Corrigé par la Moustache


J’aime les femmes comme tu l’sais mec et pas qu’à travers leur fente. Je n’pouvais pas passer à côté de la journée internationale des droits de la femme. Merde, c’est qu’elles en chient. Sous prétexte que l’homme la pénètre, ça lui donnerait le pouvoir sur elle. Ça la rendrait naturellement inférieure. C’est complètement con. La mante religieuse bouffe parfois le mâle pendant la reproduction (seulement lorsqu’elle a une petite faim). T’imagines, ta meuf te pique un bout de gras pendant que tu la culbutes ? Bref, tout ça pour dire que tous les comportements peuvent être qualifiés de naturels mais c’est la société dans laquelle tu vis qui fixe les règles, t’vois ? Et parfois les règles te semblent pas justes. Alors tu t’agites, tu invectives, tu dénonces, pour que ça change quoi.


En France, les meufs elles ont beau gueuler, dans le droit français elles ont quand même pas de quoi se plaindre. De combat en lutte, les hommes ont pas mal desserré la laisse. En septembre 1791, Olympe de Gouges a rédigé la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, premier document à évoquer l’égalité juridique et légale des femmes par rapport aux hommes. L’article 1 envoie du lourd : «« La femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme ». Fallait des couilles pour écrire ça à l’époque. Texte peu suivi d’effet car, les mecs avaient des trucs plus urgent à régler, tellement c’était le bordel. Fallait mater la révolution. Heureusement Napoléon arriva. Les revendications vaginales, ça lui foutait pas vraiment la trique et cet enculé institutionnalisa le statut inférieur de la femme dans son code civil. Elles avaient que des devoirs, pas de droit à l’horizon. Y’avait de quoi être en pétard quand tu as un vagin. Les bites étaient satisfaites par contre. Elles gardaient le pouvoir.

Faut attendre l’après-guerre pour voir des changements. Tout commence avec le droit de vote donné aux femmes, entériné le 21 avril 1944. Elles étaient enfin électrices et éligibles ! Nous, les Français, on n’était pas fiers. On était pratiquement les derniers à céder sur ce point. Des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, une série de lois libère le sexe féminin de l’emprise phallocrate : loi sur la contraception, l’IVG, principe de l’égalité de la rémunération, égalité parentale devant l’enfant, etc. Ça légifère sévèrement. Elles deviennent maîtresses de leur corps et de leur avenir. Plus besoin d’homme pour avancer dans la vie ! J’peux te dire que ça faisait flipper de les voir s’émanciper comme ça. On perdait le contrôle. Fallait apprendre à baiser des femmes indépendantes. On était pas habitué à donner du plaisir. Mais putain, ça leur suffisait pas. Les FEMEN se sont foutues à poil en crachant dans un mégaphone leurs revendications. Perso, j’suis pas convaincu de l’efficacité du procédé. Je regarde plus leurs seins que j’entends leur parole. Alors pourquoi elles sont encore hystériques ?


En fait les mentalités elles évoluent pas aussi vite que la loi. Et parfois, la loi n’est tout simplement pas appliquée. L’employeur, il a encore du mal à verser le même salaire qu’un homme à une femme. La baiser, c’est sa prime du mois. Pas question de lui donner plus.

Merde alors qu’est ce qui se passe bordel ?! Nous, les hommes, on fait de la résistance ? Je me suis tourné vers la sociologie pour essayer d’éclairer cette question.


Je m’suis jeté sur la domination masculine de Bourdieu. Tout est dans le titre. J’pouvais pas trouver mieux. La domination masculine, il l’entend comme un habitus donnant aux hommes et aux femmes un rôle prédéterminé. Panique pas, je t’explique. On apprend des rôles par notre éducation, par les représentations que véhicule la société et on rejoue ça sans arrêt. Sans remettre en question ces conneries. On a l’impression que c’est naturel de penser comme ça. Que ça doit être partout pareil. C’est pas facile de questionner le rôle qu’on joue. Bourdieu, il prend l’exemple de la société berbère de Kabylie. Il met en évidence que tout découle d’un imaginaire « mythico-rituel » qui sexualise les structures de la société, qui définit la place de chacun dans la société. J’suis rassuré, on rejoue simplement la partition qu’on nous a donnée, de façon inconsciente. En gros, on est tous prisonnier de notre image. Ça t’rassure pas un peu toi aussi, lecteur ?


Après Bourdieu, je m’suis penché sur JC Kaufmann qui « analyse le couple par son linge ». Il se penche sur les mécanismes qui perpétuent le partage inégalitaire des tâches domestiques. Pourquoi ma meuf se tape le ménage quand moi je suis peinard à mater du porn sur le net ? Le mec, en fait, il fait « parler le linge ». C’est un putain de magicien. Il constate que généralement, quand un couple vient de s’installer, il essaye de répartir égalitairement les tâches. Mais le mec, tu vois, il fait ça un peu à l’arrache, et la meuf ça l’agace. Elle veut que ce soit parfait. Quand le premier enfant débarque tout se casse la gueule. Fini le communisme ménager. Bonjour l’individualisme domestique. La femme prend en charge la plus grande partie du récurrage, lavage et cuisinage de la maison. Le mec reprend son rôle « jesuisfatiguéj’aitropbosséjevaisregarderlatvchérie ». Je te vois culpabiliser, mais faut pas, selon Kaufmann « La marche vers l’égalité dépend moins à mon avis d’une guerre des femmes contre les hommes que d’un combat intérieur des uns et des autres contre la part d’eux-mêmes qui résiste. Les hommes doivent se faire violence pour prendre en charge davantage ces tâches ménagères qui ne les motivent guère. Et les femmes doivent se faire violence également, pour accepter que la vaisselle ou le repassage ne soient pas faits comme elles rêveraient qu’ils le soient. » En gros, on doit lutter contre l’image qu’on a chacun de notre rôle. La famille est un vecteur important de cette domination. Dans les interviews qu’il mène, souvent les femmes lui expliquent qu’au début, dans le foyer, elles se battent pour ne pas ressembler à leur mère, pour ne pas reproduire le même schéma. Et que, peu à peu, c’est plus fort qu’elles, elles en arrivent à se comporter de la même manière.


Merde, ces deux lectures m’ont éclairé sur un point : ce sont les structures même de la société qui transmettent cette domination, à savoir la famille et le mariage. Alors on fait quoi ? On casse tout ? Rebelote on r’fait la révolution ? C’est possible de vivre autrement ? Sans ces structures aliénantes ?


Je me souviens d’un bouquin fascinant de ce point de vue : « l’Ile » d’Aldous Huxley (mec, si tu as jamais lu un de ses bouquins, corrige vite cette erreur). C’est une utopie où Aldous crée sur l’île imaginaire Pala (on admire le jeu de mot) une société mariant le meilleur de la culture orientale et occidentale. Cette enclave idéale est menacée par l’avidité des nations avoisinantes parce qu’ils ont le malheur d’avoir du pétrole. Et petit à petit l’ile sombre dans un système capitaliste libéral. T’vois, Huxley, c’est pas un optimiste mais, quand même, dans ce roman philosophique, il te décrit sa société idéale. Pas de mariage, un amour sans contrainte, une éducation libre à la Rousseau. Il pense qu’un enfant ne devrait pas être élevé par ses deux parents biologiques, que les enfants, c’est des putains d’éponges qui chopent toutes les névroses de leurs géniteurs. Il prône une éducation partagée entre plusieurs adultes pour qu’ils se construisent dans la diversité, qu’ils puissent avoir le choix du rôle qu’ils incarneront dans le futur. Un bon moyen de lutter contre les inégalités homme/femme, tu crois pas ?


Lecteur, je te vois déjà t’indigner que, tout ça, c’est des conneries de bobos bien nourris. Pas seulement. Je te sors un exemple concret pour finir, histoire de ne pas passer pour un con. Tu connais la tribu des Mosos ? Evidemment que non. C’est une petite minorité ethnique qui vit depuis le IIe siècle dans les montagnes du sud-ouest de la Chine, près des frontières du Cambodge et du Tibet. La tribu compte environ 30 000 âmes. Les ethnologues les appellent le « peuple fossile ». C’est un des derniers matriarcats de l’humanité. Les intellectuels, ils en sont restés sur le cul quand ils ont découvert cette peuplade au milieu du siècle dernier. Ils en revenaient pas. Ça cadrait avec aucune de leur théorie. Une société sans mariage, sans père, sans Oedipe. C’est pas convenable. Ça a choqué tout le monde. Les gouvernements locaux : tibétains, chinois, communistes, ils s’y sont tous mis pour changer ça. Pour ramener tout le monde dans le droit chemin. Mais un petit groupe a résisté envers et contre tout.

Selon les anthropologues, il n’y aurait pas de rapport de domination entre hommes et femmes.

Ça fonctionne comment ? Les hommes et les femmes ont une sexualité libre. L’infidélité est encouragée afin de décourager le désir de « posséder » l’autre. Et tu vois, c’est pas une sorte de polygamie réservée à l’homme. Non, les femmes aussi ont le droit d’être frivoles sans être traitées de pute. C’est révolutionnaire ! On fout en l’air tous tes principes, là. Et quand un enfant naît, le père et la mère restent libres. Il est élevé par la mère, ses sœurs et ses oncles. Le père peut le reconnaitre. Si ça le botte pas, tout ne retombe pas sur la gueule de la mère. Pas de pression de la part de la société t’vois. Les structures sont faites pour que tu restes libre. Et bizarrement, quand tu as le choix, peu de couple résiste au temps.

Tout n’est pas idyllique. Si Kaufmann avait étudié cette tribu, il te dirait que la répartition des tâches ménagères n’est toujours pas égalitaire. Que l’homme s’occupe de l’extérieur et la femme est maître de l’intérieur. Cette dichotomie perdure. Contamination de la modernité ou routine ancestrale ? Lecteur, j’en sais foutre rien.

Les Hans qui constituent l’essentiel de la population chinoise, ils sont scandalisés par ce modèle. Les femmes sont censées ne pas avoir d’amants mais seulement un mari sous l’entière domination duquel elles vivent toute leur vie. Ça fait plus sérieux. Plus propre. Pour un Européen, ce rapport à l’infidélité, c’est extraordinaire. Ça interroge.


Putain quand t’aimes les femmes faut être révolutionnaire, donc. Faut vouloir être prêt à tout changer. Tout bousculer. Mais dans ce contexte de retour du religieux, des enculés de réactionnaires à la Zemmour, on a plutôt l’impression d’être en pleine régression. En plus, y’a encore des femmes pour regretter l’époque bénie où l’homme avait le pouvoir sur elles. Regarde Christine Boutin quand elle s’offusque : "Les femmes ont besoin de vrais hommes, pas de guimauves féminisées".

Sale temps pour les révolutionnaires.

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