Comment baiser une lesbienne ? 2
- Hank
- 27 déc. 2015
- 4 min de lecture
Lecteur, crois-tu en Dieu ? Si la chance découle d’un choix divin alors faut qu’on m’explique. Il voulait que je change une homo en hétéro ? Il a pas parié sur le bon mec. Soit Dieu est un tocard, soit il existe pas. Je vois que ça.
Épisode 2 : Avoir de la chance.
23h. Les gens cogitent. Certains se disent au revoir. Je sais que si je veux arriver à mes fins faut que je propose de prolonger la soirée ailleurs. C’est le petit blond qui m’a sauvé la mise. Il veut rejoindre des amis à lui dans un petit bistrot pas très loin du notre. Virginie accepte aussitôt. Une autre est motivée. Elle s’appelle Noala. Un peu grande gueule, goguenarde, surtout quand elle a bu. Je me dis que si je ne touche pas le jackpot ce soir, je peux toujours la toucher elle.
Je me ravise. Pas de compromis. Ce soir c’est Virginie ou la branlette. Je vide ma pinte d’une traite et j’annonce que j’en suis.
Je sens que la partie va être serrée. Qu’il va me falloir un peu de chance. Que ce soit pour baiser une lesbienne ou pour dégoter un job, la vie nécessite toujours un peu de cet ingrédient instable et volatile. Sans elle, ton plat est foutu. N’écoute pas ces connards qui prétendent ne rien laisser au hasard. Tu contrôles ce que tu veux, mais pas ce que tu auras. On naît tous avec un potentiel de chance plus ou moins élevé, conditionné par notre physique, notre intelligence, le patrimoine de nos géniteurs ou la motivation qui nous anime. Plus tu réunis de conditions pour remplir ton objectif, plus ta chance augmente de façon exponentielle. CQFD.
Est-ce que cela signifie que j’ai été béni par les dieux ce soir-là ?
Je te laisse méditer sur la question.
On se carapate. On prend des verres dans un autre rade. Les dernières thunes de mon compte en banque s’évaporent. C’est pour la bonne cause. Faut entretenir l’état d’ébriété de la petite troupe. C’est pas le moment d’être radin. Je sens d’ailleurs que ma lucidité fout le camp. Que ma conscience se dissout lentement dans l’alcool. Ça commence à tanguer salement. Faut pas sombrer avec l’équipage. La encore, je compte sur la chance.
On est tous ensemble autour d’une table ronde. Avec les potes de notre petit blond. Ça parle fort, ça rigole bruyamment, ça gesticule. L’éthanol fait son boulot. J’arrive à me placer stratégiquement entre le petit blond et Virginie. On discute tous les trois. De quoi ? Je pourrais pas te dire. Ma mémoire commence à disjoncter. Je me rappelle néanmoins d’un échange marquant.
- « Vous allez bien ensemble » qu’il balance le sportif.
Je reste coi. Avoir autant de chance, c’est indéfendable. Il poursuit.
- « Vous êtes ensemble depuis le début de la soirée, je vous ai grillé »
Il rigole. Jaune ? Je fais semblant d’être mal à l’aise. Je jette un coup d’œil complice à Virginie. Il sait pas qu’elle préfère les femmes. Il sert mes intérêts. J’ai presque envie de l’embrasser.
Je lui annonce qu’on se fait un peu chier dans son taudis et qu’on aimerait bien aller danser. L’alcool ça me donne la bougeotte. Et rien de mieux qu’un peu de contact physique pour finaliser mon affaire.
Tu dois t’imaginer que je guinche comme un Dieu. Que je suis inscrit à un putain de cours de salsa et que je mate tous les samedis soir Danse avec les stars. Tu es encore à côté de la plaque. On m’a dit un jour qu’il fallait pas que je compte sur la danse pour séduire. Mensonge. Je veux bien admettre que j’ai rien de gracieux. Mon cul se balance de droite à gauche quand mes bras effectuent des figures aléatoires au dessus de ma tête dodelinant sur un rythme fantôme bien loin de celui diffusé par la musique. Tu vois un peu le désastre. Et pourtant, ça pose pas de problème. Quand tu te donnes, même si tu fais n’importe quoi, je suppose que ça à son charme.
J’emmène donc tout ce beau monde dans un haut-lieu de la gigote. La piste de danse fait pas plus de 10m2 et on y sert que des alcools forts. C’est la que je dois mettre un point final à mon projet. Mon taux d’alcool dans le sang va m’aider à prendre ce risque. Et si je foire je pourrai toujours prétexter que j’étais pas dans mon état normal.
On commence par prendre un shot d’absinthe. Je crois. Après, difficile pour moi de raconter la suite. L’amnésie me tombe sur le coin de la gueule. J’ai quelques flashs. Un où Noala vient me voir complètement déchirée avec une pinte de bière en main pour me dire…quoi ? Et d’autres où je danse avec Virginie. Je deviens le roi de la piste. Je la fais tourner dans tous les sens. Comme dans une lessiveuse. Elle rigole. Probablement tout aussi bourrée que moi. Je me souviens plus ni du pourquoi ni comment on s’est embrassé, mais, lecteur, je vais pas te mentir, il y a fort à parier que c’est moi qui ai initié le mouvement. Le souvenir d’après, on sort tout les deux du bar, bien décidé à finir cette soirée chez moi. Je suis tout excité. Je suis complètement bourré aussi mais si près d’un exploit. De figurer dans le livre des connards. C’est à ce moment-là qu’un grain de sable vient gripper cette belle mécanique. J’aperçois Noala qui s’avance vers nous. Elle tient pas la ligne droite, ses genoux forment un angle vachement bizarre quand elle marche et ses yeux sont à peine ouvert. Je lui demande si ça va. Elle marmonne un truc incompréhensible. Je pige rapidement que je vais devoir la ramener chez moi elle aussi. Le problème c’est que j’habite dans une chambre de bonne. Sans chiotte. Avec juste assez d’espace pour pioncer et faire réchauffer mes plats tout prêts.
Que faire ?
Je te raconte la suite l’année prochaine branleur.
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