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EditoCrade

Hank, le 13-03-2018

Samedi 10 février, j’étais à la journée « Enracinons l’avenir » organisée à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes pour célébrer l’abandon du projet d’aéroport et réfléchir à la suite à donner au mouvement.

Je suis tombé sur l’évènement un peu par hasard en parcourant le net. Je me suis dit que ce n’était pas une mauvaise idée d’aller zieuter ce qu’il se passait du côté des alternatifs.

Pour l’occasion, ils ont affrété des cars qui sont partis de Nation le vendredi 9 février à minuit. Je me suis posé au bar Le Dalou, me suis jeté deux pintes dans le gosier et je suis parti visiter le territoire perdu de la République française.

Pendant le trajet, je pensais être entouré de jeunes punks sans chien, de clodos et de paumés bariolés et que je picolerai toute la nuit en chantant des chansons le poing fièrement levé. Pas du tout. Mes compagnons de route, c’était des vieux activistes, des jeunes couples et quelques groupes de potes bien sages. Du bobo bien blanc et bien friqué, comme moi. Pour te raconter à quel point je me suis bien marré, le mec à côté de moi, un jeune économiste qui passe ses journées à faire des simulations économiques en prenant en compte le scénario optimiste du GIEC sur la question du réchauffement climatique, n’arrêtait pas de me dire qu’on était dans la mouisse.

Au bout de 30 minutes, tout le monde pionçaient à par moi. Je me suis mis à binge watching des séries à défaut de binge drinking de la bière.

 

J’avais du mal à ouvrir mes paupières, quand nous sommes arrivés, à 5h50 précisément, à NDDL. Un vieux à la moustache grisâtre est venu nous faire un petit discours de bienvenu. Il nous a rappelé que la lutte continue à la ZAD pour combattre le remembrement agricole, l’agriculture intensive, la monoculture, l’expropriation des squatteurs etc. Bref, l’objectif est de façonner un mode de vie plus respectueux de l’environnement et bien loin de préoccupation de rentabilité des méchants capitalistes. Début mars, ils sont invités à négocier avec l’État pour récupérer les terres. Parait que la préfète est ouverte au dialogue. Plus important, il nous apprend que le café sera prêt dans une heure. Je referme mes paupières.

La pénombre se lève péniblement et je décide de m’aventurer seul dans le bocage, loin de cette agitation politisée.

C’est en parcourant ces magnifiques contrées vertes et boueuses que j’ai pris conscience de la longue lutte dont ces paysages avait été témoin. Deux logiques se sont affrontées sur ces terres : la logique du développement économique d’une région contre la logique d’un développement adapté à la sauvegarde d’un écosystème unique. Deux échelles géographiques qui s’entrechoquent violemment. Le local a pour le moment gagné…mais pour combien de temps ?

 

A midi, je me bouffe mon sandwich Sodebo alors qu’autour de moi on me propose des crêpes, des pizzas,  de la bouffe vegan, le tout bio et sans prix fixe. Oui tu m’as bien compris, tu pouvais donner ce que tu voulais. En bon enculé, j’ai donné 20 centimes pour une bonne crêpe au chocolat maison : ma contribution à la lutte.

 

L’aprèm, c’était le grand défilé. Après des discours où des intervenants nous ont rappelé les luttes en cours, nous avons gambadés sur les routes, en tintamarre, certains déguisés, d’autres, comme moi, en simple habit de civil.

Un hélicoptère de la gendarmerie a tourné au dessus de nos têtes toute l’après-midi. A croire qu’on va tous être fiché S.

Le soir, ils ont brulé un avion en bois, tout un symbole, mais je suis trop occupé à siroter une blonde pour y assister.

Dans cette cohue, j’aperçois une journaliste qui essaie visiblement de faire une prise pour raconter la journée. Un mec inquiet lui demande quel média elle représente - France 3 qu’elle dit - pas BFM ? Insiste l’autre. La méfiance vis-à-vis du quatrième pouvoir est palpable.

Avant de me barrer, J’ai quand même pu rencontrer un vrai zadiste qui vit dans une cabane malgré l’humidité et le froid. Il est un peu ennuyé car un de leur abri de fortune vient de cramer, la faute à un radiateur électrique d’après les premiers éléments de l’enquête. L’organisation de la journée avait l’air de l’avoir épuisé. Il m’a raconté brièvement que la vie ici était enrichissante, un peu à la Thoreau, il n’avait pas besoin de grand-chose pour être bien, mais terriblement frustrante aussi avec des pro-aéroports qui passait dans le coin, parfois, pour jeter un ou deux cocktails molotov sur leur résidence en bois. Je lui demande si les forces de l’ordre ne les enquiquineraient pas aussi un peu. Carrément qu’il s’exclame, ils assiègent jours et nuit la ZAD, sauf aujourd’hui à cause du monde. Il repart comme il est venu, appelé à l’aide pour l’organisation de la soirée.

 

A 17h30, je décampe. Je n’assisterai pas au concert, ni ne ferait la fête toute la nuit avec les zadistes. Le bus me ramène à la capitale.

 

Le lendemain j’entends Marine Le Pen qui accuse le gouvernement de laxisme face à des zadistes armés jusqu’aux dents.

 

En attendant la fin du monde, je reste bien au chaud devant ma télé.

Les sales copains

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